A Raismes, le groupe inter-religieux du Valenciennois et de l'Amandinois (Girval) fait entendre les voix de la compassion et de la miséricorde
Ce 24 novembre, la Maison du diocèse a accueilli une conférence grand public sur ce double thème, dans le cadre des semaines de rencontres islamo-chrétiennes (SERIC).
70 personnes ont participé, à la satisfaction des membres du Girval qui se retrouvent régulièrement (depuis sa création, en 2007) durant l'année dans les salles paroissiales, derrière l'église Saint Pierre de la Briquette, à Marly.
Le pasteur Eric, l'imam Issam, deux voix bienfaisantes
Pasteur de l'Eglise protestante unie d'Evreux (Eure) et imam à Soignies (Belgique), Eric de Bonnechose et Issam Errahmouni ont respectivement développé le thème difficile de "Compassion et Miséricorde ". Un sujet qui ne fait pas la Une des médias ! Issam commençait par donner les définitions des deux termes puisés dans le dictionnaire, la compassion visant à partager la souffrance de l'autre (on est dans l'émotion, l'affection), la miséricorde englobant la compassion avec le coeur sensible à la misère d'autrui. Et de donner ce qu'en dit l'islam, via les sourates du Coran et la tradition prophétique : "Au nom d'Allah, le tout miséricordieux, le très (signifie particulièrement) miséricordieux, voilà par quoi commencent les sourates, Dieu seul est le miséricordieux, c'est son essence même, il nous sauve ainsi de l'enfer pour nous offrir le paradis.
En islam, la miséricorde est une nécessité, une obligation". Le pasteur Eric prenait alors la parole : "Les deux mots ont un niveau de langage élevé, les gens ne les utilisent pas tous les jours ... Je distingue la pitié -molle, sentimentale- de la compassion, créatrice, agissante. Dans le christianisme, Jésus va jusqu'à la croix, se fait compassion de Dieu pour nous, rejoignant ainsi notre humanité et nous permettant l'accès à la miséricorde de Dieu. Le chrétien est invité à suivre ce chemin, c'est un peu comme une mise au monde, une réponse à "soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux" (Lc 6, 27-38).
Lourde responsabilité de l'homme ... non miséricordieux
Comment, concrètement, en 2025, vivre la compassion et la miséricorde ? Issam livre son éclairage : "Nous avons une responsabilité collective, ce que vit aujourd'hui la planète, nous en sommes responsables, nous luttons vraiment contre un torrent en furie ! Si nous vivons (de) la miséricorde autour de nous, avec les personnes que nous rencontrons, oui, ça bougera ! La miséricorde se construit dans le fait de donner, d'offrir... Dieu nous aidera, il veut pour nous la facilité, sa miséricorde est sa nature première". Le pasteur Eric complétait : "Devenons ce que nous sommes appelés à être, les actes de bonté permettent de résister*, soyons attentifs aux autres, Dieu ne cesse de me déloger de mon confort, de me surprendre ...".
Deux voix qui apportaient un peu d'optimisme aux nombreuses questions posées dans l'assemblée. Compassion et miséricorde : un beau programme à vivre en cette fin d'année toute proche ...
A l'issue, une collation était offerte, préparée par nos amis musulmans, avec l'indispensable thé fraternel.
A l'année prochaine !
Philippe Courcier
*voir l'ouvrage paru en octobre "Résister avec Vassili Grossman" d'Anne-Marie Pelletier (Cerf, 232 p. 19€90); V. Grossman (1905-1964), écrivain soviétique, dénonça avec vigueur le stalinisme et lui opposa la "banalité du bien" et la "petite bonté" ...
A noter : l'Eglise catholique a vécu une Année de la miséricorde (8 décembre 2015-20 novembre 2016) voulue par le pape François.
Dans le diocèse de Cambrai, la chorale des P'tits bonheurs -animée par Yves Garbez- a créé, à cette occasion, le spectacle "Misères et cordes".